Intervention sur le PLF 2018 – Crédits alloués à la prévention et à la lutte contre la prostitution et la traite des êtres humains (30 novembre 2017)

Projet de loi de finances pour 2018

Explication de vote sur amendement

Jeudi 30 novembre 2017

Esther Benbassa, Sénatrice écologiste, rattachée au groupe CRCE

 

Monsieur le Président,

Madame la Ministre,

Monsieur le Président de la Commission des finances,

Mes ChèrEs collègues,

Comme les auteur.e.s des amendements viennent de le faire justement remarquer, les crédits alloués à la prévention et à la lutte contre la prostitution et la traite des êtres humains, qui s’élèvent aujourd’hui à 5 millions d’euros, sont en forte baisse par rapport à 2017 (- 26, 7%).  Or cet argent est notamment destiné à financer le parcours de sortie de la prostitution. Ce dispositif, mis en avant lors de l’examen au Parlement de la loi de lutte contre le système prostitutionnel, devait contrebalancer l’inéluctable mise en danger des personnes prostituées induite par la pénalisation des clients, que je me suis attachée à combattre sur ces bancs. On nous annonçait la fin des problèmes de violences envers les personnes prostituées, la fin des problèmes sanitaires dus à l’isolement et à la précarisation puisqu’elles se verraient proposer des aides financières à la réinsertion sociale et professionnelle et pourraient, enfin, trouver un véritable emploi.

La pénalisation des clients a déjà montré ses effets pervers, les observations de la mission France de Médecins du Monde sont, de ce point de vue, édifiantes. En revanche, le « parcours de sortie » n’a été mis en place qu’en avril 2017, Madame Schiappa ayant elle-même indiqué, qu’au 1er novembre, seules 5 personnes en avaient bénéficié.

La baisse de ces crédits pour 2018 aura donc pour conséquence très concrète d’abandonner un peu plus les personnes prostituées qui voient leurs conditions de travail et de santé considérablement aggravées.

L’ironie de cette situation, quand on prétend faire de la lutte contre les violences faites aux femmes une priorité, pourrait prêter à sourire. Malheureusement la situation de précarité et de grand danger dans laquelle se trouvent ces personnes nous oblige au contraire à faire preuve de la plus grande gravité.

Je vous remercie.

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