Fichier TES : des concessions rabotées, des doutes, des regrets et l’épine Amesys (Next inpact, 15 novembre 2016)

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« Le ministre de l’intérieur a été invité par la Commission des lois du Sénat pour revenir sur la problématique du fichier des titres électroniques sécurisés. Un fichage de 60 millions de Français publié un week-end de la Toussaint, relevé dans nos colonnes, et qui provoque encore et toujours de vastes remous.

Ce matin, devant les sénateurs, le ministre de l’Intérieur a dit et redit ses réponses aux craintes évoquées par les détracteurs de cette base centralisée. Un risque de sécurité, de piratage ? Que nenni ! Il y aura audit de l’ANSSI, l’agence nationale de la sécurité des systèmes d’information. De même, tout comme le rapport attendu de la direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication (DINSIC), ces résultats seront rendus publics et considérés comme des avis conformes. Conformes, en ce sens que leurs conclusions seront suivies à la lettre par la place Beauvau.

Le même « super flic » a habillé ce fichier de ses plus beaux vêtements. Ainsi TES 2.0, fusion de la base des cartes d’identité et des passeports, s’appuiera sur le fichier TES 1.0 qui ne concerne que ce titre, et qui a montré depuis de longues années son efficacité, sa durabilité et sa solidité.

Bernard Cazeneuve a cependant mis un veto à deux préconisations, poussées notamment par la CNIL. Stocker sur la puce de la CNI les données biométriques des porteurs ? Cela représenterait 100 millions d’euros de surcoût et rendrait la carte payante. C’est trop onéreux et n’apporte pas les gages de fiabilité en cas de perte ou de vol. « Si vous perdez votre carte et vous en demandez le renouvellement, vous devriez tout recommencer » oppose-t-il.

De même, l’usage de gabarits, à savoir les mesures des caractéristiques biologiques, est rejeté. « Le gabarit est d’une qualité inférieure et présente moins de garanties que les minuties » (le relevé des lignes directrices).  […]

L’implication de la fréquentable Amesys

La sénatrice Esther Benbassa a repris une information révélée par notre consœur Andréa Fradin, à savoir l’implication de la société Amesys dans le périmètre de ce fichier TES. Or, Rue89 rappelle que  « depuis la mort de Mouammar Kadhafi fin 2011, de nombreuses preuves (témoignages, brochures publicitaires…) accusent l’entreprise d’avoir vendu des technologies de surveillance des télécommunications au régime de l’ancien dictateur libyen. Dont il se serait servi pour arrêter et torturer des opposants, en épiant leurs faits et gestes sur Internet ».

À cette mise en cause, Bernard Cazeneuve feint de découvrir ces éléments, pour immédiatement rassurer : « Cette société a été rachetée fin 2010 par Bull, après avoir changé plusieurs fois de mains (…)  La société n’est pas celle dont vous parlez. Son capital a changé depuis ces évènements ». Mais il confirme : la fréquentable Amesys « prendra une partie de la prestation ». […] « 

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