Esther Benbassa est intervenue vendredi 28 juillet au micro de France Info, pour commenter la décision de la fermeture du centre de « déradicalisation » de Pontourny, en Indre-et-Loire.
La fermeture du centre était l’une des préconisations du rapport final de la mission d’information sur la déradicalisation, dont Esther Benbassa était co-rapporteure au Sénat avec Catherine Troendlé, sénatrice (LR) du Haut-Rhin.
Le ministère de l’Intérieur a annoncé vendredi matin 28 juillet la fermeture de l’unique centre de déradicalisation en France. Il avait été ouvert à titre expérimental en septembre 2016.
Esther Benbassa, sénatrice EELV du Val-de-Marne et co-directrice de la mission d’information sénatoriale « désendoctrinement, désembrigadement et réinsertion des djihadistes en France et en Europe », a affirmé vendredi sur franceinfo que « le concept du centre était erroné depuis le départ ». « Il vaut mieux prendre des chemins pragmatiques plutôt que de mettre en place ces centres coûteux, ces expériences qui n’aboutissent pas », a-t-elle ajouté.
franceinfo : Pourquoi ce centre n’a-t-il pas marché ?
Esther Benbassa : Nous l’avions déjà annoncé dans un bilan d’étape le 22 février : il n’y avait personne dans ce centre. Nous avions averti les autorités et le comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, ils n’ont pas vu nos remarques. Dans notre rapport du 12 juillet, notre proposition n°3 est de mettre fin à l’expérimentation de ce centre. L’idée du centre elle-même ne pouvait pas marcher. Les gens ne vont pas aller quelque part pour se déradicaliser tout seuls.
Il n’y avait pas les moyens humain et financier suffisants ?
Si, le budget était de 2,5 millions d’euros, il y avait 27 personnes. Dans d’autres pays, ils ont opté pour un suivi personnalisé, individualisé, où il y a un travail de réinsertion et de resocialisation. Le concept du centre était erroné depuis le départ. Soit vous faîtes un centre fermé, soit vous prenez l’option qu’ont pris la Belgique, la Russie ou le Danemark, de ne pas enfermer les gens mais de les suivre selon leur degré de radicalisation. De plus, les préfets n’ont pas joué le jeu car ils ne croyaient pas en le concept, le village n’était pas d’accord car il avait peur que ce soit des terroristes et le maire de Beaumont-en-Véron n’a pas marché non plus.
Le gouvernement a-t-il un cap dans cette lutte ?
Je ne sais pas, mais il faut changer radicalement de méthode. (…) Le problème ce n’est pas d’enlever sa religion à l’individu mais de le mettre dans le cours de la société. La déradicalisation est un miracle et si vous ne croyez pas en les miracles, il vaut mieux prendre des chemins pragmatiques plutôt que de mettre en place ces centres coûteux, ces expériences qui n’aboutissent pas.
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