Explication de vote sur la quatrième prorogation de l’état d’urgence (20 juillet 2016)

Chers collègues,

Notre pays se déchire, les responsables politiques s’adonnent à une surenchère sécuritaire et verbale en cette veille de primaires et de présidentielle, la parole raciste prend son envol, l’Etat islamique sort victorieux de nos querelles et les endeuillés continuent à pleurer leurs morts.

L’état d’urgence ressort de sa boîte. C’est la seule cuirasse qu’on ait trouvé pour se prémunir contre un prochain attentat. Là où l’on a plutôt besoin d’un travail de longue haleine mené avec beaucoup d’humilité.

Nous donnons à Daech l’image d’un Etat démuni, affaibli, paniqué, qui, après chaque attentat, utilise les mêmes recettes qui produiront la même absence d’effet.

Pendant que le terrorisme change de visage et évolue sans cesse pour nous surprendre à chaque fois et endeuiller la France, nous restons, nous, politiciens, rivés à nos certitudes, à nos ambitions politiques, le regard tourné vers le FN et les élections à venir.

L’unité nationale exige quelques sacrifices. Un front commun de façade ne sera pas suffisant pour contrer l’idéologie de Daech, capable de séduire certaines jeunes, ou de justifier les pires violences.

Les Français ont besoin de mots justes et d’actes concrets. Et le spectacle que nous leur offrons ces derniers jours ne leur redonnera pas confiance. Le chaos qui suivra ces attentats sera aussi incontrôlable que le terrorisme.

Ne pourrait-on pas déjà cesser de faire tant de publicité à des meurtriers de masse qui ne méritent que l’anonymat et l’obscurité ? Et cesser par là de stimuler d’autres esprits fragiles en quête de reconnaissance, et qui commettront à nouveau l’indicible ?

Je voterai contre cette prorogation. Je voterai une fois de plus pour la démocratie, les libertés et une sécurité justement comprise, pour l’unité des forces vives de notre pays. Pour dire un non clair au terrorisme. Et pour honorer la mémoire de nos victimes.