« Sénatrice écologiste du Val-de-Marne et partisane d’une légalisation contrôlée du cannabis, Esther Benbassa réagit aux annonces de Bernard Cazeneuve concernant le trafic en Seine-Saint-Denis.
Lutter contre le trafic de drogue en s’en prenant aussi bien aux vendeurs qu’aux consommateurs. C’est le choix de Bernard Cazeneuve après une série d’actes violents qui ont secoué ces dernières semaines Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. Jeudi 14 mai, le ministre de l’Intérieur a annoncé une opération policièrede grande ampleur dans la ville, où de nombreux consommateurs franciliens viennent s’approvisionner, notamment en cannabis.
« Une fausse solution », dénonce Esther Benbassa. La sénatrice Europe Ecologie-Les Verts (EELV) du Val-de-Marne, qui milite pour un encadrement par la loi de la consommation et de la vente de cannabis, répond aux questions de francetv info.
Francetv info : Approuvez-vous l’intervention policière massive décidée par Bernard Cazeneuve à Saint-Ouen ?
Esther Benbassa : Que le ministre de l’Intérieur souhaite veiller à la sécurité des habitants de Saint-Ouen, c’est parfaitement normal. Mais ne mener qu’une politique répressive n’aboutira à rien. Bernard Cazeneuve doit regarder les statistiques en face : notre législation est l’une des plus sévères d’Europe envers les consommateurs de cannabis, et pourtant, la consommation ne cesse d’augmenter dans notre pays.
Augmenter la présence policière à Saint-Ouen ou généraliser la vidéosurveillance est une fausse solution, qui ne fera que déplacer le problème du trafic ailleurs et n’asséchera pas les mafias. Les Etats-Unis, pays pourtant bien plus conservateur que le nôtre, l’ont bien compris : certains Etats comme le Colorado ou l’Oregon ont décidé de faire preuve de pragmatisme et de se tourner vers une légalisation contrôlée du cannabis, avec de premiers résultats très positifs.
Cibler les consommateurs n’est donc, selon vous, pas une solution viable ?
C’est la plus mauvaise des solutions ! Ils continueront à s’approvisionner ailleurs, et prendront toujours les mêmes risques. Il faut que l’Etat encadre la consommation : certains consommateurs ont un usage problématique du cannabis et ont besoin d’un vrai suivi, les adolescents doivent être protégés de l’accès à ce produit pour leur éviter des problèmes sanitaires, et d’autres ont un simple usage récréatif qui n’est pas problématique. […] »
Pour (re)lire l’article dans son intégralité sur France TV info, cliquez ici!