« Business » de la déradicalisation. Un rapport sénatorial juge la politique actuelle (« Ouest-France », 12 juillet 2017)

Un rapport sénatorial, rendu public ce mercredi par les deux sénatrices, Esther Benbassa (EELV) et Catherine Troendlé (Les Républicains), juge sévèrement la politique de déradicalisation menée en France, et demande notamment parmi une série de 10 préconisations, la fermeture du centre controversé de Pontourny en Indre-et-Loire.

Un rapport du Sénat critique la politique de déradicalisation lancée sous le quinquennat précédent à l’égard des jeunes djihadistes et formule dix propositions pour l’améliorer.

Les sénatrices Esther Benbassa (Europe Ecologie-Les Verts) et Catherine Troendlé (Les Républicains) ont présenté mercredi leur rapport relatif à la mission d’information sur le « désendoctrinement, le désembrigadement et la réinsertion des djihadistes en France et en Europe ».

« Business » de la déradicalisation

Elles y mettent en cause les choix de la France quant à la politique de déradicalisation, à savoir l’instauration decentres et le recours à une multitude d’associations.

Les deux sénatrices avaient déjà dévoilé en février un bilan d’étape de leur travail, dans lequel elles critiquaient pêle-mêle, la politique de regroupement des détenus radicalisés, le « business » de la déradicalisation ou encore la « gabegie financière » de l’État.

Les deux sénatrices se veulent « lanceurs d’alerte » mais leurs prises de position avaient elles-mêmes fait l’objet de critiques de la part de responsables en charge de la lutte contre la radicalisation.

Concédant qu’il n’y a pas de « recette miracle », elles proposent au contraire de mettre « l’accent sur l’individualisation, l’accompagnement sur mesure et la transversalité de la prise en charge en vue de la réinsertion, et en ménageant un équilibre entre l’intervention sociale et les exigences de sécurité ».

 

« Il paraît vain d’espérer une ‘déradicalisation d’État’ si l’on ne prend pas en compte leur ‘resocialisation’ et leur ‘réinsertion », estiment-elles.

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Définir un « cahier des charges »

Le rapport estime, en outre, que trop d’associations participent à la déradicalisation et suggère de définir auniveau national un « cahier des charges » quant à la sélection de ces organismes.

Il s’agirait de « systématiser l’évaluation du contenu des programmes financés et réduire progressivement leur nombre, de sorte à opter pour la qualité plutôt que la quantité »

Les deux sénatrices critiquent également la politique de regroupement des jeunes radicalisés au sein des établissements pénitentiaires et encouragent le développement de dispositifs innovants de placement.

« On ne peut pas parler vraiment d’un échec, on peut parler de tâtonnements, d’un désir d’affichage trop important au départ », a estimé Esther Benbassa mercredi sur France Inter, avant de conclure : « Les choses commencent à prendre une nouvelle allure qui n’est pas mauvaise ».

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