5 raisons de s’intéresser aux résultats des sénatoriales (« L’Obs », 24 septembre 2017)

La moitié des 438 sénateurs sont renouvelés ce dimanche. Si si, c’est un scrutin important. La preuve par 5.

1 – Parce que c’est un baromètre de l’attractivité du macronisme

« Les sénatoriales sont le troisième tour des municipales de 2014. » François Patriat, le chef de file des sénateurs REM, n’a pas tort. Ce sont en effet les grands électeurs – maires, délégués des conseils municipaux, conseillers départementaux et régionaux – qui désignent les sénateurs. Un mode de scrutin qui ne favorise pas La République en Marche, puisque ce parti n’existait tout simplement pas lors des dernières élections locales.

L’enjeu pour les candidats REM est donc de faire le plein parmi les 1.829 élus qui ont parrainé Macron lors de la présidentielle et d’élargir encore cette assise. Mais pour les maires, le macronisme a déjà perdu beaucoup de son pouvoir de séduction… Les annonces de l’été sont passées par là : réduction du nombre d’emplois aidés, coupes dans les dotations des collectivités locales, sans oublier le projet de suppression de la taxe d’habitation et le débat lancé par Emmanuel Macron en vue d’une réduction du nombre des élus locaux.

« Il n’y a pas de dynamique pour En Marche parmi les maires, pas d’adhésion forte, mais pas de rejet non plus », observe le sénateur socialiste Gaëtan Gorce (Nièvre). « Les maires sont dans un état d’esprit d’expectative critique, ils sont loin d’être convaincus. »

Dans ce contexte, le groupe des sénateurs REM ne devrait pas grossir beaucoup, d’autant que 10 d’entre eux, sur 29 sortants, ne se représentent pas.

2 – Parce qu’on aurait tort de parler de « monde ancien »

Les responsables de La République en Marche préparent leurs arguments pour justifier leur relatif échec. La faute aux grands électeurs !

« Ce sont des gens qui ont été élus avec des références qui sont celles du temps d’avant », a ainsi lancé Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, sur BFMTV.

Ce type de référence à un « monde ancien » ne manque pas d’agacer les élus sortants. « La majorité va dire que c’est le ‘vieux monde’ qui a voté », prédit Laurence Rossignol, en campagne pour sa réélection dans l’Oise.

« Mais ce soi-disant « vieux monde », qu’est-ce que c’est ? Ce sont les élus locaux. Ce sont les citoyens les plus actifs, ceux qui s’engagent pour leur commune après une expérience dans la vie associative ou dans les syndicats. Ce sont des bénévoles, des retraités, des gens qui consacrent leur vie non pas à une carrière politique, mais au bien commun. »

Les socialistes espèrent bénéficier d’un effet « vote utile » et voir revenir à eux leurs anciens grands électeurs dans les départements où les candidats de la République en Marche n’ont aucun chance. Le PS devrait donc limiter la casse, même s’il va sans doute perdre une poignée de ses 86 sénateurs (parmi lesquels 47 sièges remis en jeu). En juin dernier, le groupe avait déjà perdu 23 de ses membres, qui ont rejoint le groupe REM. A moins d’une nouvelle scission, il devrait rester le deuxième groupe du Sénat en effectif.

Les communistes ont davantage de soucis à se faire. 16 sénateurs sur 18 remettent leur mandat en jeu, et il leur faudra conserver au moins dix élus pour pouvoir constituer un groupe parlementaire.  A Paris, la sénatrice Esther Benbassa compte parmi les rares écologistes à pouvoir être réélus. « J’ai de bonnes chances », nous dit-elle.

Le Front national, qui compte deux sénateurs, ne devrait pas enregistrer de progression, à moins d’une victoire surprise de Christopher Szczurek dans le Pas-de-Calais.

Du côté droit de l’hémicycle, les Républicains entendent très logiquement engranger les dividendes de leurs victoires aux régionales et aux municipales. LR compte actuellement 142 sénateurs. Une dizaine d’entre eux ont annoncé la création d’un groupe de « constructifs » près à soutenir la politique du gouvernement, comme à l’Assemblée. Mais cela ne leur empêche pas de rester dans la majorité sénatoriale, derrière son président Gérard Larcher.

« Il faut toujours être extrêmement prudent mais je pense que l’ensemble des groupes qui composent la majorité sénatoriale, des Républicains aux Radicaux, devrait être conforté ou progresser légèrement », a indiqué celui-ci, ce vendredi matin dans « Le Parisien ».

Le président du Sénat entend « faire écho à la désillusion perçue par les élus locaux », « profondément déçus par les annonces du gouvernement de l’été ». C’est également le positionnement à gauche. Pour Laurence Rossignol, « l’enjeu, c’est de défendre les collectivités locales ».

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